L'architecture art-déco et le mouvement moderne

   L’idée commune situe généralement les débuts de l’architecture Art-déco au sortir de la première guerre mondiale. En réalité, plusieurs immeubles parisiens construits avant 1914 témoignent du fait que les excès de l’Art Nouveau étaient déjà rejetés par nombre d’architectes (Cf la dénonciation par Adolf Loos du délire ornemental dans « Ornament und Verbrechen »). Tout ce que l’on associa à l’Art-déco, la pureté des lignes, la simplification des formes géométrique, la blancheur des façades se retrouvent par exemple dans le théâtre des Champs Elysées construit par Auguste Perret en 1913


Théâtre des Champs Elysées
ou encore dans l'habitation à bon marché construit par Henri Sauvage et Charles Sarrazin en 1903-1904 au 7 rue Trétaigne dans le 18e arrondissement.


HBM 7 rue Trétaigne

   En fait, avec l’avènement des années folles, l’architecture art-déco prit un envol que la guerre avait suspendu. L’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui se tint à Paris en 1925 marqua l’apogée du style art-déco à qui elle donna son nom.


Définition de l’art-déco

Le style art-déco se définit par quelques principes simples :

-         Les ouvertures sont en hauteur,
-         Les combles sont pentus et dotés de lucarne,
-         Les toits sont recouverts de tuiles, de zinc ou d’ardoises,
-         Les façades sont rythmées par des bow-windows et des balcons
-         Les huisseries sont en bois peint en blanc

Les immeubles sont parfois couronnés par des frontons en forme d’arbalètes, polygones ou arrondis et peuvent être garnis de colonnes.


Les Matériaux

Le béton

La structure de la majorité des bâtiments est en béton armé. Les façades sont maçonnées, recouvertes d’un enduit, le plus souvent blanc, ou garnies de pierres agrafées. Certains architectes, comme Auguste Perret, prennent le parti d’afficher en façade du béton bouchardé. Dans ce cas de figure, le béton, après durcissement, subit un traitement mécanique par martelage à l’aide d’un outil à pointes, la boucharde.

La brique

Deux couleurs dominent : le jaune paille et le rouge saturé.
Les briques jaunes sont employées dans les édifices les plus modestes et pour les façades secondaires. Les briques rouges servent pour les équipements publics (écoles, piscine, instituts de recherche…) et les habitations à bon marché.
Les briques sont souvent posées en longueur, les arrêtes verticales bord à bord sans joint.
La pose se complexifie au fil du temps, en damier, en côtes horizontales ou en déport oblique.



Les ornements

Les sculptures et les bas-reliefs

Les motifs végétaux subsistent sous forme de bas reliefs géométrisés. On voit également des sculptures de femmes stylisées et des décors abstraits (frises, colonettes…). Les sculptures sont peu marquées (peu creusées). Les motifs s’étalent sans profondeur pour ne pas briser la géométrie de la façade.




La ferronnerie

Le fer industriel est préféré à la fonte. Là encore, les motifs sont simplifiés, traités en aplat. Les garde-corps représentent des corbeilles de fleurs (roses), des vases ou des formes géométriques (cercles enlaçés, losange…).




Les pavés de verre

Les pavés de verre sont utilisés pour les cages d’escalier, les cours couvertes, les marquises, voire, cas exceptionnel, la façade entière d’un immeuble (maison de verre de Pierre Chareau).


Maison de Verre

La céramique

La céramique sous forme de carreaux cassés est fréquemment utilisée dans les années 30 à la fois pour ses qualités fonctionnelles et esthétiques.

Le mouvement moderne

   Dés 1919, à Weimar, en Allemagne, un courant moderne se développe sous l'impulsion de l'architecte Walter Gropius qui crée une école de peinture et d'architecture appelée le Bauhaus. Le Bauhaus, dans les années 30, devient une école d'architecte polyvalente sous la direction de Ludwig Mies van Der Rohe. Le courant moderne prendra ensuite le nom de mouvement moderne puis de style international. On le retrouve en Hollande avec le groupe De Stijl et en URSS avec les constructivistes.
   En France, c'est Le Corbusier qui en est le théoricien brillant. S’appuyant sur la rupture esthétique du cubisme et de l’abstraction et les progrès techniques réalisés dans la construction grâce au béton armé, le mouvement moderne a pour objectif d’améliorer la vie quotidienne des masses. Il refuse que l’architecture ne soit qu’un exercice de style esthétique réservé à l’élite. « Les œuvres [doivent être] rendues lisibles par des formes simples et dépouillées, organisées en constructions ordonnées, génératrices d'harmonie. ». Selon Le Corbusier, il faut produire des cadres bâtis conformèment aux techniques de production industrielle standardisée, c'est ainsi que la maison devient une machine à habiter.

   Le Corbusier et Pierre Jeanneret, en 1927, poseront les bases de ce mouvement dans leur livre les cinq points d'une nouvelle architecture.

Ces cinq points sont :
  1. les pilotis (le rez-de-chaussée est transformé en un espace dégagé destiné aux circulations, les locaux obscurs et humides sont supprimés, le jardin passe sous le bâtiment),
  2. le toit-terrasse (ce qui signifie à la fois le renoncement au toit traditionnel en pente, le toit terrasse rendu ainsi accessible et pouvant servir de solarium, de terrain de sport ou de piscine, et le toit-jardin.)
  3. le plan libre (la suppression des murs et refends porteurs autorisée par les structures de type poteaux-dalles en acier ou en béton armé libère l'espace, dont le découpage est rendu indépendant de la structure),
  4. la fenêtre en longueur (elle aussi, rendue possible par les structures poteaux-dalles supprimant la contrainte des linteaux),
  5. la façade libre (poteaux en retrait des façades, plancher en porte-à-faux, la façade devient une peau mince de murs légers et de baies placées indépendamment de la structure).
Schéma du Plan libre
   Le mouvement moderne refuse tous les ornements, les colonnes, les moulures ou les corniches. Libérées des contraintes de la construction grâce au plan libre, la forme des baies se renouvellent, on voit apparaître des fenêtres en bandes, des fenêtres angulaires, des hublots. Les huisseries en bois sont remplacées par de l'acier. Les toits disparaissent au profit de terrasses ou de solarium. Les volumes privilégient les formes simples : cubes, verticales, horizontales.
   Le monde industriel est une source d'inspiration importante. L'univers des paquebots de croisière - c'est la grande époque des transatlantiques - (coursives, ponts, rambardes, bastingages) est admiré et copié. Les modernes loue la rationalité à l'oeuvre qui permet de définir un habitat fonctionnel pour une population dense dans un environnement restreint et rempli de contraintes. Une esthétique streamline, issue des recherches américaines pour améliorer l'aérodynamisme des trains, des voitures, des bateaux et des avions, devient à la mode.
   Les architectes liés au courant moderne sont André Lurçat, Robert Mallet-Stevens, Pierre Chareau et bien sûr Le Corbusier (qui n'en avait pourtant pas le diplôme).

D'autres architectes promeuvent un modernisme plus tempéré où l'ornement a encore sa place. Dans ce groupe, on peut citer Michel Roux-Spitz, Pierre Patout ou Albert Laprade. Ils construisent des bâtiments à facettes où se démultiplient les bow-windows er les effets en porte-à-faux (balcons et terrasses déboités). Des bais d'ateliers se déploient sur un ou deux étages. Alors que les architectes radicaux comme Le Corbusier continuent d'utiliser la couleur blanche pour les façades, les modernes tempérés choisissent des enduits plus beiges voire rosés.

1 commentaire:

  1. C'est vrai que dans la construction bâtiment industriel, actuellement on trouve principalement des constructions très austères, minimalistes. On pourrait penser à faire des bâtiments plus ornamentés, en suivant les lignes de l'Art Nouveau ou d'autres styles un peu oubliés aujourd'hui. Les commerçants peuvent aussi s'intéresser à ce type d'architectue pour leurs nouveaux bâtiments commerciaux.

    RépondreSupprimer